Vous tournez alors la page du carnet, mais elle semble collée à la suivante. Vous vous rendez compte que la nuit tombe alors et vous vous abritez dans la petite cahute du Lenald qui vous regardait toujours et vous faisant signe de le suivre.
Vous jetez un dernier regard en arrière, contemplant le soleil rouge qui plongeait dans l'immensité de l'océan.
La porte grinçante de la maison du Lenald vous tire de votre rêverie et alors que le froid de la nuit commençait à se faire sentir, la chaleur vous attire inexorablement à l'intérieur de la chaumine.
D'aspect modeste, elle n'en contenait pas moins tout le nécessaire ainsi qu'un luxe d'objets et de meubles variés : ici une table, sur laquelle repose des restes de repas côtoyant des morceaux de cartes, là, un coffre ouvert où sont entassé des vêtements et quelques feuilles. L'immense bibliothèque, dont les étagères pliaient sous le poids des livres, attirait votre regard.
Pendant que vous découvriez un nouveau monde, le Lenald avait installé une chaise en face de la cheminée où crépitait un feu aux flammes multicolores. Il vous faisait signe de vous asseoir, posant sur la petite table à côté de la chaise deux livres semblables à celui dans vos mains.
Vous adressez alors un merci sincère à votre hôte, lequel fit un signe de la tête. Vous vous asseyez alors dans la chaise, reprenez votre livre et décollez les pages restantes.
Étude théologique d'une vie, chapitre III ( suite ).
Le sanglier m'étouffe sous son poids. La lance, toujours plantée dans son flanc, danse au rythme des mouvements de mon assaillant, et des gouttes de sang tombent sur mes vêtements.
J'ai du mal à bouger mon bras tout en conservant un minimum de défense. Mais ma dague est coincée dans ma ceinture et ce sanglier qui veut ma vie ne me facilite pas la tâche.
L'haleine du mammifère me fait froid dans le dos, qu'a-t-il pu manger bon sang ?! Je parvient enfin à attraper ma dague, qui, en s’échappant de ma ceinture coupe légèrement le ventre de mon ennemi. Mais ça ne me suffit pas, et manifestement, à lui non plus.
Cependant mon bras et ma dague sont libres, et dessinant un large arc de cercle dans l'air, je plante violemment à plusieurs reprise le sanglier.
Le sang s'échappe alors de la blessure en larges jets de tailles diverses, et l'animal, surprit, laisse échapper un cri de douleur assourdissant.
Il ne bouge plus et pour me libérer je l'écarte de mon torse. J'avale de grosses goulées d'air frais, et le vent commence à me donner des frissons : le sanglier, le combat ou les deux peut-être, me réchauffait.
Il doit être une heure de l'après-midi, il est temps pour moi de retourner avec ma prise à mon campement. Je n'ai pas la force de porter le sanglier et, en l'ayant poussé, j'aperçoit enfin les reste de mon feu. Le ravivant avec ce qu'il me restait de combustible, je me réchauffe les mains. La douleur à mon épaule m'élance soudain, et à tâtons, j'approche de la zone douloureuse. J'heurte soudain un petit bout de bois et la souffrance me fait crier. Il a dut se planter pendant mon combat, et j'ignore jusqu'où il va. Tout ce que je sais, c'est qu'il est bien de la largeur d'une fourchette et ne me transperce pas de part en part.
J'ai peur de le retirer, que se passe-t-il si je m'évanoui dans la neige ? Mourrais-je de douleur ? Mourrais-je de froid ? Puis-je seulement mourir ?
Par courage ou inconscience, les deux vont souvent ensemble d'ailleurs, j'attrape à pleine main l'objet de ma douleur et le retire d'un coup sec de ma chair. Je crie une nouvelle fois, et les échos s'évanouissent jusqu'à l'horizon. Mais pas moi.
Je contemple alors le bout de bois, il fait plus d'un centimètre de large et bien quinze de long. Maculé de mon sang, je le lance loin dans la forêt. Un oiseau s'envole quand l'objet retombe sur le sol.
J'attrape mon sac et en retire un bout de tissu qui me servira de bandage en attendant des soins plus approfondis. Si seulement j'avais un miroir.
Je fait alors un rapide bilan de ma matinée : j'ai cassé ma dague et je me suis blessé. Mais le positif c'est que maintenant j'ai à manger, et si je me débrouille bien, la peau du sanglier me fera une petite couverture. Je pourrait peut-être même me faire une nouvelle dague avec les défenses du sanglier.
Le feu crépite, et j'ai la journée devant moi pour dépecer le sanglier. Je reprendrai la route demain soir, au crépuscule.
Votre lecture terminée, vous refermez le petit livre de cuir en le posant sur la table. Vos paupière se font lourdes, et devant la chaleur du feu qui vous attire vers le sommeil, vous vous assoupissez.